Notre Histoire

La Fleur en Papier Doré approche doucement des trois quarts de siècle d’existence. On pourrait dire que le temps s’y est arrêté. L’estaminet a conservé son visage d’il y a 30 ans, 40 ans, sans doute. Aux heures creuses, c’est un endroit tout en douceur, aux lumières tamisées et aux vieux meubles dépareillés qui ont beaucoup vécu. Et ça se sent. Aux moments d’affluence, c’est la convivialité même. Les gens sont toujours souriants et se parlent facilement. Les bonnes bières locales accompagnent le stoemp — non peut-être — avec saucisse et lard. Ou le spaghetti.

Plus de 400 objets les plus divers se sentent bien sur les murs ocrés. Tellement habitués d’y être, que si on les bouge du bout du doigt, ils laissent apparaître leur silhouette claire sur le vieux papier d’origine. Les inscriptions à même le mur sont l’héritage de Gérard van Bruaene, le créateur du lieu dont les moins de 60 ans ne peuvent pas se souvenir. Un petit bonhomme, tout rond, de la silhouette au sourire en passant par les lunettes. Il disait et écrivait des choses sages et belles, mais ne lles a jamais vraiment publiées sauf quand il était poussé dans le dos par ses nombreux amis artistes dont le souvenir traîne encore ici.

Gérard a connu tout ce que Bruxelles, et bien au-delà, comptait d’artistes. Il a ouvert des galeries d’art aux noms pittoresques : « La vierge Poupine », « L’agneau moustique »… C’est finalement à La Fleur en Papier Doré – Het Goudblommeke in Papier qu’il a posé ses valises pour les 20 dernières années de sa vie (de 1944 à 1964) et amené avec lui ses amis, peintres, écrivains, poètes. Les surréalistes, dont Magritte. Le mouvement Cobra (Copenhagen-Bruxelles-Amsterdam) dès ses premiers enthousiasmes avec Dotremont, Alechinski, Pol Bury et d’autres. Hugo Claus y fête son premier mariage.

Après le décès de van Bruaene, l’estaminet continue sur sa lancée, mais son âme manque. Les artistes restent présents, cependant La Fleur en Papier Doré a de plus en plus de mal à tenir le coup, mais se maintient. Pourtant en juin 2006, soudain, c’est la faillite.

Heureusement, un groupe un peu téméraire d’amoureux du vieux bistrot s’embarque dans sa reprise sous la forme d’une coopérative. À ce jour, il y a 128 coopérateurs et d’autres sont bienvenus.

Le lieu est classé depuis 1997. Les Monuments et sites et les pompiers ont chacun leurs exigences (parfois contradictoires). Il s’ensuit 14 mois de travaux : électricité, plomberie, sanitaire… et finalement un grand nettoyage, qui débouchent sur la réouverture le 12 octobre 2007. La Fleur en Papier Doré renaît pareille au souvenir de ses anciens habitués.

Les clients reviennent . Les touristes sont séduits. On a élargi la carte. L’estaminet devient vraiment trop exigu, quand l’occasion se présente de louer le rez-de-chaussée mitoyen, ce qui nous replonge dans les travaux. C’est ainsi que s’est construit le Goudblommeke in Papier tel que vous le connaissez aujourd’hui.

L’ajout d’une salle au-delà de la véranda (où il y a la grande photo) permet de recevoir des groupes pour des repas bien bruxellois, des rencontres, des fêtes. Dès qu’il fait beau, une vingtaine de personnes peuvent profiter de la cour-jardin. Une salle peut accueillir une cinquantaine de spectateurs pour de la poésie, des contes, de la musique ou pour des réunions. L’asbl Racontance, le Grenier Jane Tony, le café pédagogique, Sceptiques au pub, les cours de bruxellois, le Cercle d’histoire de Bruxelles et bien d’autres , y trouvent un accueil confortable. L’asbl La Petite Fleur y propose aussi des activités diverses au moins une fois par mois.